Transformation numérique : pourquoi (et comment) les entreprises doivent accélérer
- Valentine Ferréol, présidente du think tank G9+
- 1 avr. 2015
- 3 min de lecture

Alors que le Gouvernement s’apprête à plancher sur le projet de loi numérique 2015, notamment à partir du rapport Lemoine, le bilan de la transformation numérique est globalement positif. Pour autant les entreprises pourraient être encore davantage moteur de ce processus et ainsi accélérer la transition.
La France a montré qu’elle avait plusieurs atouts de taille pour aborder le virage de la troisième révolution industrielle, celle du digital, et qu’elle pouvait se trouver dans le peloton de tête mondial pour certaines de ses initiatives, telles que le big data. Quant aux entreprises, elles ont pour la plupart initié leur mutation mais peinent encore à se transformer pour bénéficier du numérique comme levier croissance et de compétitivité. Dans cette course de fond, un seul cap à tenir : celui de l’innovation ! Une innovation qui passe par un investissement humain et financier dans une démarche ouverte.
DES TECHNOLOGIES ET DES HOMMES
Les états des lieux numériques, dressés par différents experts indépendants et privés (cabinets de conseil notamment), mettent en lumière les atouts de la France. Nous avons en effet les moyens de transformer notre économie grâce à des technologies de pointe, des formations - quoi qu’on en dise- de qualité et un écosystème entrepreneurial, qui se structure.
Premier atout relevé notamment par Gilles Babinet, à l’occasion du classement sur la maturité digitale des entreprises du CAC40, réalisé en septembre dernier : une bonne agilité technologique. Un atout qui de ne serait pas de grande utilité, si nous n’avions pas des professionnels bien formés... Or nos formations qu’elles soient scientifiques ou économiques sont reconnues mondialement pour leur qualité dans nombre de domaines. Le dernier atout, et sûrement le plus important, est constitué par les entrepreneurs ! Si le nombre de création d’entreprises en France est relativement stable, ce qui ressort, c’est leur dynamisme, qui se trouve actuellement encore renforcé par les initiatives de structuration. Exemple emblématique : la French Tech a fédéré 66 start-ups parmi les 160 entreprises françaises présentes à la grand-messe technologique de Las Vegas en début d’année. Cet effort de structuration et de cadrage de la filière numérique préside également aux différents plans d’actions publics et privés, qui proposent des pistes concrètes d’accélération de la transition.
GRANDES ENTREPRISES CHERCHENT AGILITÉ
C’est un fait : la révolution des usages numériques, issue du grand public, prend plus de temps à faire son chemin dans le monde de l’entreprise. Ainsi, l’Indice de Transformation Numérique moyen des entreprises françaises, dévoilé en septembre dernier par Roland Berger et Cap Digital, est seulement de 33/100. Les freins évoqués par celles-ci sont principalement : le coût (62%), la résistance au changement (52%) et le manque de compétences (52%) et le manque de volonté managériale (29%).
Ces mêmes raisons ressortent de l’enquête de McKinsey, parue également en septembre 2014, à savoir des difficultés organisationnelles, un déficit de talents numériques, des marges financières plus serrées que dans d’autres pays, ainsi qu’un manque d’implication visible des dirigeants.
Le dossier réalisé par Gilles Babinet avec Les Echos conforte cette analyse : les entreprises doivent encore créer une culture du numérique partagée, décloisonner leurs organisations et adopter des méthodes de travail collaboratives et agiles.
FORMER, FINANCER ET COLLABORER
Si la transformation numérique représente un défi pour les entreprises, la gestion des talents est un accélérateur permettant de créer une culture et un ADN digitaux, propices à l’innovation. Il faut former l’ensemble de l’entreprise, et en particulier ses dirigeants, par manque de temps ou de compétences appropriées à la gouvernance numérique, peinent à oser s’avancer sur une réelle vision. A cet égard, saluons des programmes de formation tels que celui du CIGREF, réseau de grandes entreprises, et du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), l’Institut de la Transformation Numérique des Entreprises (ITNE). Ce dernier propose aux dirigeants des clés de compréhension de ses enjeux, mais aussi un accompagnement à son pilotage.
Le deuxième accélérateur de la transformation digitale est bien sûr l’investissement dans l’innovation, notamment technologique. Même si aujourd’hui seulement 22% des budgets est consacré à des projets IT favorisant la croissance de l’entreprise, les Directeur des Systèmes d’Information (DSI) ont eux-mêmes opéré leur mutation et se positionnent comme des brokers de services informatiques vis-à-vis de leurs clients internes. Autre signe de cette transformation, l’étude Deloitte CIO Survey 2014 révèle que l’innovation est un fondement de l’organisation et une priorité quotidienne pour plus de 20% des DSI français. En outre, plus de la moitié (55 %) d’entre eux gère déjà leur portefeuille tels des capital-risqueurs (valeur/risque/opportunité), estimant que la technologie est un réel atout pour opérer la transformation numérique et ainsi préparer l’avenir.
Cet investissement dans l’innovation peut bénéficier à l’ensemble de l’écosystème, si elle est ouverte et participative. L’Open Innovation n’en est certes qu’à ses débuts, mais il suffit de prendre le pouls digital de notre économie pour se rendre compte que l’innovation au XXIème siècle sera ouverte ou ne sera pas...
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